AES : Une force unifiée pour un défi commun au Sahel

AES : Une force unifiée pour un défi commun au Sahel

Face à une menace djihadiste croissante dans la région du Sahel, les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Niger, le Burkina Faso et le Mali – renforcent leur coopération militaire en créant une force armée commune de 5 000 hommes. Cette initiative stratégique marque une nouvelle étape dans leur lutte contre les groupes terroristes actifs dans cette zone, notamment ceux affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Une réponse militaire à une menace sécuritaire accrue
Depuis plusieurs années, les attaques djihadistes déstabilisent cette région sahélienne, vaste de 2,8 millions de kilomètres carrés, soit quatre fois la superficie de la France. Les gouvernements militaires de ces trois pays, issus de coups d’État entre 2020 et 2023, ont pris conscience de la nécessité de mutualiser leurs moyens pour mieux protéger leurs populations et leurs frontières.

Selon le général Salifou Mody, ministre de la Défense du Niger, cette force armée unifiée disposera de moyens aériens, terrestres et de renseignement, avec un système de coordination renforcé. L’objectif est clair : agir ensemble pour mener des opérations conjointes plus efficaces dans les zones les plus touchées, comme la région des « trois frontières ».

Une rupture politique et institutionnelle avec la CEDEAO
L’annonce de cette force militaire intervient alors que les trois pays finalisent leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), effectif à partir du 29 janvier 2025. Ce départ symbolise leur rejet de cette organisation, accusée d’inefficacité face aux défis sécuritaires et de collusion avec l'ancienne puissance coloniale, la France. En opposition, ces États sahéliens privilégient désormais des alliances avec de nouveaux partenaires stratégiques, tels que la Russie.

Un espoir pour une stabilité retrouvée
En officialisant cette force unifiée, l’AES affirme sa volonté de reprendre le contrôle sécuritaire de la région et d’assurer une stabilité durable. « Nous faisons face à des menaces communes, il était indispensable de mutualiser nos efforts », a insisté le général Mody. Bien qu’ambitieuse, cette démarche sera scrutée par la communauté internationale, alors que des organisations comme la CEDEAO et Amnesty International dénoncent régulièrement les dérives sécuritaires et les atteintes aux droits humains.

En mutualisant leurs ressources et en optant pour une coopération accrue, ces trois nations tentent de répondre à la double urgence : sécuriser leurs territoires tout en redéfinissant leur souveraineté régionale. Mais le succès de cette initiative dépendra de leur capacité à traduire cette unité militaire en résultats concrets sur le terrain.

Conclusion :
Dans un contexte où la sécurité et la souveraineté sont devenues des priorités absolues, l’Alliance des États du Sahel amorce un tournant historique avec la création de cette force armée unifiée. Cette initiative, bien que prometteuse, devra relever les défis logistiques, financiers et diplomatiques pour répondre aux attentes des populations sahéliennes confrontées à une décennie d’instabilité.